Un transfert d’entreprise réussi

Il y a quelques semaines, je vous ai raconté l’histoire d’un cédant qui n’était pas prêt. Voici le cas d’une entreprise qui a bien réussi le transfert.
Alain a créé une petite entreprise de réparation de machine à écrire en 1978 avec un chiffre d’affaires de 40 000 $. L’entreprise a progressé et a changé, (forcément les machines à écrire…!) pour atteindre aujourd’hui un volume de vente dépassant les 4 M $. En 2002, Alain a décidé de prendre sa retraite en 2012 et se donnait 10 ans pour y parvenir.
« Je savais que le taux d’échec dans les processus de relève d’entreprises était élevé et je voulais me donner le temps de bien faire les choses ». Alain avait un successeur en vue : son fils Étienne ; il avait aussi deux préoccupations : Est-il capable ? et veut-il ? Étienne connaissait l’entreprise depuis son enfance, mais pour le personnel, c’était un petit garçon en culotte courte. Il devait faire ses preuves ailleurs. Plus instruit, plus diplômé, il a travaillé à Montréal dans une entreprise importante, prenant de l’expérience  et progressant dans sa carrière avant de revenir dans l’entreprise de son père. Connaître d’autres entreprises permet au successeur de se sentir plus compétent et plus autonome.
Le plan de relève préparé dès le début du processus insistait sur les aspects humains, les aspects légaux et financiers viendraient plus tard. L’entreprise fonctionnant bien, il serait facile de financer le transfert. Deux coachs ont accompagné le processus, un pour Alain et un pour Etienne.
Pour Alain, le processus de relève impliquait  beaucoup d’émotivité. « Je devais accepter de perdre mon bébé, j’étais très attaché à l’entreprise, c’était ma vie, ma réputation. Mon statut social était étroitement lié à l’entreprise, sans entreprise qu’est-ce que je serais ? »
« Au début je me faisais une idée de la retraite : voyages, golf, liberté. Mais  faire des choses et être une personne nouvelle c’est différent. Mon coach m’a fait découvrir le domaine de l’être. Céder son entreprise, c’est refaire son identité. J’ai compris que je pouvais être un entrepreneur ailleurs que dans l’entreprise que j’ai fondée. Aujourd’hui j’investis dans l’immobilier commercial, je suis actionnaire d’une petite entreprise de chocolat et je suis mentor pour de jeunes entrepreneurs. Quand j’ai fait faire mes cartes de visite, je me demandais quel titre y mettre. J’ai choisi ENTREPRENEUR, c’est  mon identité. »
Alain a également dû accepter que l’entreprise qu’il a fondée allait changer, la culture d’entreprise, sa philosophie allait évoluer, on ne produirait plus les services auxquels il était attaché, de nouvelles lignes de produits allaient apparaître, des employés clés, devenus des amis quitteraient. Beaucoup de questions et peu de réponses, sauf la confiance dans les capacités du successeur. Il s’agissait de plonger dans l’inconnu, de prendre des risques.
Les nouvelles générations ont d’autres méthodes de travail. « Aller au bureau le samedi, c’était normal pour moi, c’est anormal pour Etienne. L’équilibre travail famille me semblait être un slogan syndical, je découvrais que pour la génération de mon fils, cela faisait partie de la vie. Comment avec une telle philosophie pouvait-on diriger une entreprise? »
Le processus de relève a été plus rapide que prévu, au bout de 7 ans Étienne a pris le contrôle et Alain est toujours entrepreneur dans d’autres domaines. Il se détache avec l’assurance qu’on peut faire les choses différemment. Une relève réussie assure la continuité et des revenus correspondants à l’effort que le fondateur y a mis. Pour atteindre ce résultat on doit prendre le temps nécessaire et s’entourer de professionnels capables de bien nous accompagner, surtout sous les aspects humains.

 

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    6 ans ago

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