Colloque HEC sur la relève

La semaine dernière j’ai assisté au colloque annuel organisé par HEC Montréal sur la relève des familles en affaires.
Une journée de présentations et de retours d’expériences sur la transmission des entreprises d’une génération à l’autre avec toutes les subtilités que ces transitions peuvent générer. Voici ce qu’il fallait en retenir:

1. Faites vous accompagner

Toutes les personnes, cédants comme repreneurs, parents et enfants, présents au colloque insistent sur l’importance d’être accompagné dans tout le processus. Il s’agit en effet d’un changement particulièrement important, tant pour la vie de l’entreprise que pour les personnes en présence. Le cédant doit accepter de laisser un peu de place, faire confiance, laisser les plus jeunes faire des erreurs, changer de posture pour devenir conseiller plutôt que leader. Le repreneur doit trouver sa place, s’affirmer sans tout révolutionner, apprendre de ses aïnés, se faire adouber par les contacts professionnels de l’entreprise et les salariés.
Dans cette transition, beaucoup de questionnements surgissent, des tensions aussi, des non-dits, des inquiétudes. Pouvoir les ventiler auprès de professionnels aguerris permet de faciliter la transition et d’éviter des incompréhensions.

2. Faites vous accompagner par plusieurs intervenants

Autre retour d’expérience intéressant: ne vous fiez pas aux consultants qui disent s’occuper de tout le processus. Chacun a son expertise et il est important de leur confier les éléments en fonction de celle-ci. Généralement, a minima, un comptable, un fiscaliste et un avocat sont impliqués dans les dimensions techniques de la transmission d’entreprise. Auxquels s’ajoute souvent un banquier pour financer la reprise. Par ailleurs, coachs ou consultants seront là pour accompagner les individus et l’organisation dans la transition. Là encore, il faut choisir des coachs différents pour le cédant et le ou les repreneurs pour que chacun ait son espace privé de ventilation.

3. Préparez la suite

L’erreur la plus souvent commise par le cédant est de planifier la transmission de l’entreprise mais de négliger de préparer son départ. Il doit en effet surtout penser à la suite, aux activités qui vont prendre le relais quand il va réduire son investissement en temps et en énergie dans son entreprise. Dans le cas contraire, il risque fort d’être bien démuni… et de finalement renoncer à partir! Un entrepreneur qui a géré pendant des années, généralement soirs et fins de semaine compris, son entreprise, ne peut pas, du jour au lendemain, se retrouver inactif. Il n’a pas le profil psychologique pour s’habituer à un tel vide et doit prendre soin de développer ses passions et hobbys au cours des dernières années de sa carrière de patron.

4. Commencez tôt

Plusieurs intervenants ont également mentionné l’importance de se préparer tôt à la transmission. Essentiellement, dans le cas des familles en affaires, il s’agit de bénéficier d’une période de transition plus grande en parallèle entre les deux générations. Laisser le temps aux plus jeunes de prendre leurs marques, de connaître le réseau, avant de leur laisser les commandes. Et que le cédant puisse être là en conseiller pendant suffisamment de temps pour que toutes les parties soient rassurées.

5. Laissez les plus jeunes faire leur expérience à l’extérieur

Les repreneurs les plus jeunes ont tout intérêt, avant de rejoindre ou reprendre l’entreprise familiale, à se doter d’une expérience professionnelle à l’extérieur. Ils seront ainsi confrontés à des situations de marché différentes, inédites qui alimenteront leur créativité. Par ailleurs, du point de vue psychologique, cela leur permettra de « couper le cordon » et de s’affirmer en tant que personne différente avant de revenir, enrichis dans l’entreprise familiale.
Quelques chiffres pour finir, tirés du sondage effectué sur place auprès de 200 participants environ:
– 58% des entreprises familiales n’ont ni conseil d’administration, ni comité consultatif. Si c’est votre cas, commencez par constituer un conseil de famille.
– 64% des entreprises sont au début du processus de transition (pas commencé ou juste au début).
– 55% n’ont pas planifié le transfert de leur réseau de contacts. C’est pourtant un élément essentiel pour garantir la pérennité de l’activité commerciale de l’entreprise.
– 29% ne sont pas accompagnés
Et vous, comment allez-vous vous assurer de la pérennité de votre entreprise?