Assurer la pérennité d'une entreprise
Voici la chronique parue dans Le Droit de Gatineau le 21 mars 2017:
Pour assurer la pérennité d’une entreprise, il faut quatre transferts différents et complémentaires.
Le transfert de propriété :
Le transfert de propriété consiste à remettre aux successeurs les actions de l’entreprise. Il faudra évaluer l’entreprise, trouver le financement et préparer les documents légaux nécessaires. Ce transfert est le plus connu et trop souvent il est l’unique. Le transfert est le plus simple parce qu’il est principalement technique, mais il ne garantit pas la pérennité de l’entreprise. À peine 30 % des entreprises survivent à ce transfert s’il n’est pas accompagné des trois autres.
Le transfert de direction :
Le transfert de direction consiste à mettre en place une nouvelle direction. C’est beaucoup plus complexe, car le fondateur a son propre style qui a fait ses preuves et il faudra maintenant adopter un nouveau style. Le fondateur était un «homme orchestre», il savait tout faire, le repreneur devra être un «chef d’orchestre», il ne sait pas tout. La nouvelle direction utilisera des systèmes et des modèles plus rationnels alors que le fondateur agissait à partir de sa grande expérience et souvent par intuition.
Il y aura un «règne conjoint» où les deux styles devront cohabiter, il faudra de la patience et du temps pour harmoniser cette transition. Il est important de ne pas procéder au transfert de propriété avant d’être sûr que la nouvelle direction est bien en place.
Le transfert de savoir :
Il ne s’agit pas de savoir comment fonctionne l’entreprise, il s’agit de «savoir être» et surtout de «savoir devenir». Le fondateur devra devenir un «président du conseil» et le successeur devra devenir un «chef de l’exploitation». Chacun devra découvrir de nouvelles habiletés, de nouvelles compétences humaines et harmoniser des personnalités fortes. Plus le processus de relève est long et plus les chances d’assurer la pérennité de l’entreprise sont fortes.
Le transfert de pouvoir :
C’est le transfert le plus difficile. La nouvelle direction devra un jour détenir tous les pouvoirs tandis que celui qui a tout construit cherchera à «avoir une place». Un entrepreneur n’abandonne pas, il faudra accepter de voir le pouvoir sous un nouveau regard. Il s’agit d’un processus semblable à celui de devenir «grand-père» de son entreprise. Le grand père n’est pas responsable d’élever les enfants et d’apporter la discipline, il a une relation différente basée sur la disponibilité, la sagesse, la communication. L’entrepreneur capable de devenir un «fondateur» un «grand-père», pourra garder un rôle positif afin d’assurer la pérennité et n’aura plus besoin de s’accrocher à son ancien pouvoir.
L’accompagnement sera différent
L’accompagnement sera évidemment différent pour chacun des transferts. Il faudra un coach généraliste qui sera le gardien de l’objectif ultime : la PÉRENNITÉ. Il aura toujours une vue d’ensemble et remettra en perspective les apports des autres intervenants (comptables, banquiers, psychologues, médiateurs, etc.), qui eux doivent par nature garder une approche sectorielle.
Claude Savoie est président de Dixit Coaching, membre du Groupe Relève Québec et Mentor (Diamant) pour le réseau M de la Fondation de l’entrepreneurship.
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