Les dimensions humaines du processus de relève

Tout le monde considère que les dimensions humaines du processus de relève sont importantes, mais personne ne sait en quoi ça consiste. Bien sûr les intervenants techniques (comptables, fiscalistes, notaires, évaluateurs) doivent faire preuve de compréhension et d’empathie, mais ce n’est pas suffisant, l’enjeu est beaucoup plus important.

La dimension humaine du processus de relève nécessite une démarche structurée permettant au fondateur et au repreneur de trouver une « posture » propice à une nouvelle relation. Chacun doit entreprendre une démarche de réflexion et d’observations encadrées pour aborder une relation fort différente de la relation antérieure. Il est important d’entreprendre cette démarche avant d’aborder le processus transactionnel.

La dimension humaine du processus de transfert concerne des milliers de comportements, d’attitudes, de compétences, d’habiletés inter reliées et qui se présentent dans un contexte de changement accéléré. Voici quelques aspects.

La posture « fondateur vs Cédant »

Il est important que le chef d’entreprise se place dans a peau d’un Fondateur et non d’un cédant. Un cédant est quelqu’un qui cède, qui abandonne, qui perd, qui se retire. Un entrepreneur ne sera jamais un cédant, il aura donc le réflexe de résister et inconsciemment, il mettra des bâtons dans les roues. S’il se sent obligé par un contexte externe (problème de santé, contexte familial ou déclin de l’entreprise) sa résistance finira par céder, mais au prix d’une perte d’estime pour lui. Se sentir un fondateur, c’est se placer dans une cohérence face à soi-même, diriger le processus en toute connaissance de cause et constater que le Fondateur sera toujours le fondateur, même après sa mort.

La perception de l’entreprise :

Le fondateur perçoit l’entreprise de l’intérieur, il a bâti un chef d’œuvre qui a pour lui une valeur incalculable, il se base sur le passé, sur ses succès antérieurs et postule que le futur sera à l’image du passé. Le repreneur fait la démarche inverse, il tente de comprendre le futur, les succès antérieurs n’ont pas beaucoup de valeur, il s’intéresse au potentiel et aux contraintes que le passé pourrait poser au développement futur.

L’émergence d’une nouvelle identité :

L’entrepreneur trouve son identité dans son entreprise, il est le « propriétaire de l’entreprise XYZ » Qui sera-t-il quand il ne sera plus le propriétaire ? Sera-t-il retraité, bénévole ? À moins d’être Tiger Wood, jouer au golf ce n’est pas une identité. Il faudra laisser émerger une nouvelle identité capable de satisfaire son besoin d’affirmation. Cette démarche est particulièrement difficile et la pression augmente à mesure que la transaction avance.

Les attentes :

Tous les entrepreneurs s’intéressent à deux aspects de la relève : la pérennité et la protection du patrimoine.  Ces deux objectifs sont incompatibles, il faudra trouver un équilibre et chaque cas est unique. Le fondateur sentira qu’il n’a pas de cœur ou qu’il se fait avoir, en même temps. Il est essentiel pour lui de bien situer son côté dominant et d’apprendre à vivre avec sa personnalité.

Devenir un président :

La majorité des propriétaires de PME sont des hommes-orchestres, capables de tout faire. Ils aiment cette réalité et inconsciemment veulent la maintenir. Il faudra apprendre à devenir un chef d’orchestre (un président). Mais qu’est-ce que ça fait un président ?

La gestion de la diversité :

Les successeurs font partie d’une nouvelle génération, ils ne conçoivent pas la productivité de la même manière, ils ont des compétences différentes, d’autres habiletés, ils ne travailleront pas 60 heures par semaines et voudront que le fondateur accepte la nouvelle réalité alors que le fondateur assume la plus grande partie des risques.

Le choix des repreneurs :

Le fondateur aura à choisir sa relève, il devra évaluer les capacités des repreneurs. Il y a des outils objectifs pour évaluer les compétences, mais c’est en grande partie avec son cœur qu’il décidera, et c’est heureux ! Il devra évaluer 43 compétences chez les repreneurs et son intuition sera son principal guide, il est donc important de savoir quoi observer et à quoi réfléchir pour prendre les meilleures décisions.

Le processus de relève est un terrain miné, il est donc important que quelqu’un sache où sont les mines et comment les éviter. Un coach de relève connaît le terrain et gère ce processus difficile ; il sera plus facile d’aborder les dimensions techniques (fiscalité, aspects légaux) si le fondateur et le repreneur savent ce qu’ils veulent.

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    6 ans ago

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